NIGER TIMES INFO

Thème : effets négatifs du covid-19 sur la sécurité alimentaire

La pandémie du corona virus menace à la fois les vies et les moyens d’existence des populations, elle engendrera sans doute des répercussions sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Quelle analyse faites-vous des effets négatifs du corona virus sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les pays à faible production agricole comme le Niger ?

Réponse Q 1:

La pandémie du COVID-19 qui sévit dans le monde en général et au Niger en particulier est très préoccupante et attire notre attention ;

Jusque-là au Niger, les mesures de restriction pour contenir la propagation de la maladie n’ont pas concerné le fonctionnement des marchés.

Le déclenchement de la maladie dans le pays coïncide avec la saison sèche où il y a moins d’activités de production agricole comparée à la saison des pluies reconnue être celle de grande production pour constituer le stock alimentaire couvrant l’année. La pandémie coïncide cependant avec la période des départs pour la recherche de revenus. Ces revenus sont souvent envoyés pour soutenir les ménages vulnérables qui dépendent à pareil moment des marchés pour satisfaire leurs besoins alimentaires. La fermeture des frontières pourrait entraver certains déplacements et ainsi avoir un impact sur les transferts d’argents aux ménages ou sur les retours en prévision de la saison agricole

Si cette situation persiste et empire, cela pourrait affecter la préparation des champs en prélude à la saison agricole et l’acquisition des intrants (semences et engrais) par les ménages vulnérables. Dans les mesures prises par le gouvernement pour mitiger ces impacts, on note l’arrêté du Ministre du Commerce et de la promotion du secteur privé fixant les prix plafonds des produits de grande consommation et de première nécessité au niveau de la région de Niamey, et ce pour une période de 3 mois renouvelable à compter du 3 avril 2020.

Dans le cadre de ses activités, la FAO, au sein de l’Équipe de Nations Unies au Niger, se joint au gouvernement et à ses partenaires pour lutter contre la propagation de la maladie et se préparer à atténuer son impact sur la sécurité alimentaire des populations vulnérables et maintenir les systèmes de production fonctionnels ;

Pour me résumer, je dirais que les effets négatifs du COVID 19 ne sont pas encore très manifestes au Niger pour les produits vivriers de grande de consommation. Le gouvernement a déjà commencé à prendre des mesures et à revoir ses plans de soutien aux personnes vulnérables, et c’est dans ce cadre que les actions de la FAO seront menées.

Y’a-t-il des mesures adaptées pour ces pays afin qu’ils ne puissent pas rentrer dans une situation de crise alimentaire ?

Réponse Q 2 :

Les mesures sont celles capables de :

Faciliter l’approvisionnement alimentaire de ces pays ;

Soutenir les ménages vulnérables qui sont dans le besoin ;

Enclencher des mécanismes de contrôle et de régulation des prix des biens de premières nécessités (aliments, santé, eau, logement...)

Renforcer les mécanismes de protection contre la propagation du virus à travers l’intensification des actions d’information, d’éducation et de communication à l’endroit des citoyens et des communautés ;

Penser à l’après COVID 19 en élaborant des programmes et projets susceptibles d’accélérer la réhabilitation durable des moyens de subsistances affectés et de soutenir efficacement la production agricole et animale.

Mener d’intenses campagnes de sensibilisation sur les risques de prolongation de la crise et ses conséquences sur l’approvisionnement du pays en produits alimentaires ; tout gaspillage de denrées alimentaires doit être évité.

Toutes ces actions sont planifiées par le Gouvernement dans son plan de préparation et de réponse au COVID19 et dans les différents plans de soutien du Dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires et des autres structures nationales auxquelles le Système des Nations Unies apporte un appui. 

Comment la FAO répond à la pandémie du COVID 19 ?

Réponse Q3 :

La réponse de la FAO s’articule autour des points suivants :

Contribution financière à travers l’enveloppe globale du Système des Nations Unies au Niger au plan de réponse sur le COVID19 ;

A cela s’ajoutent toute une réflexion pour apporter efficacement dans le contexte de COVID 19 tous les appuis habituels de la FAO afin d’améliorer la production agricole et animale pour une sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Entreprendre le plaidoyer en direction de ses partenaires financiers, en coordination avec l’Equipe Pays des Nations Unies au Niger, en vue d’une mobilisation de toute assistance permettant de soutenir la sécurité alimentaire du pays

Assurer les appuis en aliment - bétail, vaccinations et en kits agricoles d’urgences (semences,) aux agropasteurs vulnérables.

Appui en kits de lavage de main à plusieurs communes et villages des zones d’intervention de la FAO ;

Sensibilisation des communautés sur les mesures de protection contre la propagation de la maladie à travers les clubs d’écoute communautaires Dimitra ;

Poursuite des activités sur le terrain par le biais des partenaires en faveur des populations dans le respect des mesures d’hygiène pour éviter la propagation du virus.

Toutes ces activités seront entreprises avec nos partenaires en respectant les mesures d’hygiène et de prévention.

A cela s’ajoute l’expertise et les réflexions que la FAO pourra amener au gouvernement pour assurer que les systèmes alimentaires puissent continuer durant la pandémie et permettre également une reprise rapide après celle-ci.

Si la crise sanitaire persiste, pensez-vous que les pays du Sahel pourraient-ils résister ?

Réponse Q4 :

Si la pandémie persiste, les pays du Sahel vivront certainement des moments difficiles simplement parce que les priorités sont multiples et les moyens sont limités face aux priorités.

Les pays sont déjà conscients de ces difficultés dans le cas d’une crise prolongée et ont pris en compte cette éventualité dans leurs plans de réponse au COVID-19 et de relèvement après la pandémie. Les Institutions sous-régionales et régionales comme la CEDEAO et l’Union Africaine ont également pris la mesure de la question et développé des réflexions et plans dans ce sens

Intensifier la mobilisation des ressources financières pour créer les conditions permettant de résister au mieux aux impacts négatifs de la crise pour les ménages est une nécessité et cela passe, entre autres, par s’assurer que la prochaine campagne agricole et pastorale ne soit pas hypothéquée.;

Est-ce qu’à l’échelle mondiale nous n’assistons pas à une crise ou insécurité alimentaire généralisée ?

Réponse Q5 :

Comme l’a dit M. QU Dongyu, Directeur Général de la FAO dans un de ses messages publiés tout récemment, dans les médias, je cite « les efforts massifs pour inverser la tendance auront un coût économique élevé surtout que les restrictions de mouvement, ainsi que les réactions de défiance des travailleurs, peuvent empêcher des agriculteurs de cultiver les terres et des transformateurs des produits alimentaires de s’occuper de la transformation. La pénurie d’engrais, de médicaments vétérinaires et d’autres intrants pourrait également avoir des conséquences sur la production agricole. »

« Pour réduire le risque de pertes encore plus élevées – pénurie de nourriture pour des millions de personnes, même dans les pays riches –, le monde doit immédiatement prendre des mesures pour minimiser les interruptions des chaînes d’approvisionnement alimentaire. »

« Une intervention coordonnée et cohérente à l’échelle mondiale est nécessaire pour éviter que cette crise de santé publique ne déclenche une crise alimentaire qui empêcherait les gens de trouver ou de se procurer de la nourriture. »

Enfin, « ne permettons pas au COVID-19 de faire le jeu de la faim »

Je vous remercie